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PETIT RESTAVEK

PETIT RESTAVEK

             

                   

 

 

 

 

 

PETIT RESTAVEK.

 

Je vis en Haïti,

je suis le cadet d'une fratrie.

Je n'avais pas dix ans,

quand j'ai été abandonné par mes parents.

 

Je n'ai,

plus d'âge, plus d'identité.

Je n'ai,

plus de père pour me guider.

Je n'ai,

plus de mère pour me dorloter.

Je n'ai,

plus de racines pour me fixer.

 

Mes parents voulaient me sauver,

de la misère et de la pauvreté.

Ils ne savaient à quel saint se vouer,

alors ils m'ont donné.

 

J'ai,

pour lit un bout de carton.

J'ai,

pour couverture un bout de chiffon.

 J'ai,
 

pour nourriture des vieux croûtons.

J'ai,

pour salaire des coups de bâton.

 

J'ai été confié à une mégère,

une femme sévère.

Une mère sans humanité,

qui n'a de cesse de m'exploiter.

 

Je n'ai,

plus le droit d'être aimé.

Je n'ai,

plus le droit d'éxister. 

Je n'ai,

plus le droit de rêver.

Je n'ai,

plus le droit de jouer.

 

Je fais toutes les corvées,

sans un instant pour me reposer.

Je dois transporter l'eau,

à l'école amener les enfants sur mon dos.

 

J'ai,

l'obligation de servir.

J'ai, 

l'obligation d'obéir.

J'ai,

l'obligation de subir.

J'ai,

l'obligation de pâtir.

 

C'est révoltant,

d'être victime de ces tyrans.

C'est déprimant,

de voir ma vie réduite à néant.

 

Je dois,

toujours courber le dos.

Je dois,

porter des charges de bourricot.

Je dois,

totalement être soumis.

Je dois,

renoncer à la vie.

 

Je marche pieds nus,

je suis victime de mille abus.

Dans mon pays l'esclavage,

fait toujours autant de ravages.

 

Je suis un petit Restavek!

Quand je serai grand,

je serai cireur, prostitué ou délinquant.

Je suis un petit Restavek!

A la fin de mon enfance,

je serai condamné à la misère et l'errance.

 

 

 

 

 

 

 

CE  TEXTE EST NON LIBRE DE DROIT.

 

 

 

 

L'esclavage fut aboli en 1794 à Haïti, quand cette île était sous domination française.

 

En 2013, se sont environ 300 000 enfants qui vivent en état d'esclavage dans ce pays, dont 70% de filles. On les appelle les "restavecs" (restavèk en créole haïtien, dérivé du français reste avec) car ils doivent rester à portée de voix de la personne à laquelle ils sont attachés.

Ils sont  souvent utilisés comme domestiques pour les tâches ménagères, les provisions, la cuisine, etc....  Ils doivent dormir à même le sol,  accomplir les tâches les moins gratifiantes et subir régulièrement des violences physiques et sexuelles. Les jeunes filles enceintes sont jetées à la rue. Une proportion importante des Restavecs est maltraitée.

Ils n'ont le droit de parler que si on  leur adresse  la parole, ils sont sous-alimentés et n'ont aucun contact avec leur famille.

Les garçons sont renvoyés dès la fin de leur enfance, et les filles dès qu'elles sont enceintes

J'ai été interpelé par ce sujet suite à des reportages télé et des articles consultés sur internet. J'ai écrit le texte qui suit car cette situation m'insupporte. Il est vrai qu' Haïti a beaucoup souffert et souffre encore, mais est il humain de faire de ces enfants les premières victimes? Peut on se satisfaire de voir la pauvreté exploiter la misère?

Le texte qui suit a été écrit il y a plus de deux ans. Aujourd'hui des artistes se mobilisent en faveur de ce pays. J'espère que ces enfants martyres tireront le bénéfice de cette mobilisation.

 

   
             

« La mort est la seule liberté que connaisse l'esclave. »

 Stanley Kubrick   dans Spartacus    

 

 

                                 

 

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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